Singa(juste)pour… le fun.

1er avril 2015
Après 1 mois de négociations avec une nouvelle école, de faire semblant avec l’ancienne pour recevoir ma dernière paye (et de selfies à côté du punch, juste au cas où j’aurais à m’obstiner avec la direction), d’entrevue, de démo et de promesse d’embauche, de désamorçage de rumeurs, de démission dramatique (co-prof qui pleure parce qu’elle veut pas que je parte, chef de département qui refuse de compléter la paperasse de fin de contrat parce qu’elle “ne sait pas”… mais surtout parce qu’elle aussi ne veut pas que je parte), d’écriture et de réécriture de contrat, de jeu de tag entre le Bureau du Travail, l’Immigration, le Bureau de l’Éducation, de rencontres quasi quotidiennes avec l’assistante de la nouvelle école pour regarder mes documents et figurer quel papier il me manque encore (tout en l’écoutant se plaindre à répétition à propos des autres foreign teachers “ils sont irrespectueux, pas patients, qu’ils la fasse tout seuls leur paperasse moi j’ai juste le goût de crisser ma job là”), de pick-up de paperasse in extremis 30 minutes avant le check-in à l’aéroport. Singapour, me voilà.

Singapour. Je t’ai choisie pour la tranquilité d’esprit. Parce que je suis fatiguée du niaisage administratif, des “I love you” en guise de salutation des ados et des travailleurs de la construction, qui savent pas ce que ça veut dire mais qui le disent pareil parce que ça doit ben être les seuls mots qu’on peut dire à une femme (merci American Pop Culture de marde). Parce que j’ai pas le goût de me préoccuper de protéger ma sacoche en marchant dans un parc après mon espresso matinal. Parce que j’ai besoin d’un break de préjugés – femme blanche donc forcément riche et condamnée à m’obtiner sur le prix de toute.

Singapour. J’avais vu juste pour toutes ces raisons. Mais tu as quand même réussi à me surprendre. Je ne savais pas que tu étais si (trop) propre et pratique au point de feeler vaguement comme un roman d’Orwell. Je ne savais pas que tu chargeais des prix de Toronto pour tes loyers, forçant les Singapouriens (???) à s’entasser à 3, 4 ou 5 dans un 4 et demi de tour d’appartement HLM au look vaguement communiste. Je ne savais pas non plus que tu étais une capitale mondiale du magasinage de luxe, que les voyageurs venaient en jet privé faire des tours de gongole dans un centre d’achat 5 stars ou s’acheter des malles Louis Vuitton en peau de crocodile à 500 000 USD pièce.  Je ne savais pas non plus que le staff de ton ambassade Thai, ce sont tous des pit bull, entrainés à japper après les demandeurs de visa tels les douaniers américains qui accueillent les touristes en transit à l’aéroport JFK. Des pit bulls créatifs qui inventent des nouveaux formulaires, des nouvelles lois pour ne pas te donner ce que tu demandes, et qui à la moindre demande d’explication te regardent sans rien dire pour 5 secondes et demi avant de te demander de bouger parce que ton tour est fini pis y’a d’autre gens qui attendent. “it’s not my problem ma’am, you have to fix your situation yourself.”
Singapour. J’ai passé 3 jours à angoisser dans ma chambre d’appartement communiste à l’autre bout de la ville, pendant que toute chiait : mon visa, l’accès à mon argent Canadien, la promesse d’un futur comme prof d’anglais dans une école tropicale…
Singapour. Une chance que tu m’a aussi fait rencontrer Freedom, la soeur de mon amie Karllen-qui-sourit-toujours. Freedom porte bien son nom. Elle sourit (aussi) toujours, et elle mène sa vie “au feeling”. Hier, c’était les Phillipines. Aujourd’hui Singapour. God knows où elle sera dans 2 ans, ça va dépendre de ce qui lui tente.  Elle m’a fait visiter tous les spots magnifiques et gratuits de la ville-pays. Les restos à 3 piasses. Les endroits où tu peux squatter un peu d’électricité et de wifi sans payer. J’ai rencontré un peu de liberté – et de fun – dans une ville où tout est contrôlé, même le (non) droit de mâcher de la gomme dans les lieux publics. Pour vrai là.

2 thoughts on “Singa(juste)pour… le fun.

  1. Est ce que tout est en ordre maintenant ou pas???? Vas tu rester et commencer ta nouvelle job? J’espère que tout fonctionnera pour le mieux!

    • mieux vaut tard que jamais…. oui oui, tout est en ordre maintenant, ça a été VRAIMENT compliqué cette fois-ci par contre. Tk. J’ai la paix jusqu’en mars 2016

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