My Life Abroad… Un an plus tard

Novembre 2013. Je capotais ma vie dans une classe de la Phnom Penh University. Décalage horaire, full immersion Anglaise de 9 à 5 en jasant grammaire, en prenant des notes de feu et en travaillant fort sur mon accent à chaque fois que j’avais à parler. Full choc culturel aussi. Un an plus tard, le temps et la vie ont fait leur job et j’ai appris quelques affaires en chemin. Voici mon top 5 des grandes révélations 2014.

1- Plus c’est différent, moins ça frappe fort.
Je n’ai pas été tant surprise par la vie Cambodgienne – et plus tard Thaie- que par les différences culturelles avec nos voisins du Sud (aka les Amaricains). Elvis Gratton est pas trop loin de la réalité dans ce sens que les Amaricains, y niaisent pas avec ça le neo-colonialisme. Bien sûr, ce n’est pas tout le monde. Mais une vaste majorité d’Américains rencontrés depuis 1 ans se tiennent juste avec des Américains (ou other foreigners), ne font peu ou pas d’efforts pour apprendre la langue locale, s’offusquent de la lenteur du service ou du manque de compétences linguistiques des serveuses dans les restos, et sont fort sur la différenciation “we VS us” (aka “check out the bunch of Thai ppl sitting behind us”… ). Bref. Je pensais rencontrer plus de like-minded travellers. Au lieu de ça, j’ai développé des pas pires amitiés avec des “westernized” Thai(es). Ben coudonc.

2- Immigrant, ta yeule faire des plans (vivre dans le présent)
Maintenant je comprends un peu plus comment les immigrants se sentent en général. Visa runs et dépendance complète sur l’employeur, les bureaux d’immigration et autres délivreurs de permis pour oser planifier ce qui sera ma vie dans 2-3 mois. Comme les Thais sont fort sur le dernière minute, ça a souvent donné lieu à des nuits insomniaques, des soucis (finalement pour rien), des vacances écourtées (au cas où que l’école décide de nous caller 1 semaine d’avance pour travailler…finalement pour rien) et quelques frustrations. Un apprentissage forcé de la vie dans le présent. Un an plus tard, je peux dire que j’ai fait des progrès côté stress de planification. Dans le sens : “fais ton gros possible, fille, pis toute va bien aller, anyway le reste dépend pas de toi.”

3- Le racisme normal (Oh shocking!)
Bien sûr, je l’ai eu archi-facile côté paperasse car je suis immigrante “white English speaker”. Rien comparé à ce que mes collègues “non-white” (Phillipins ou Ghanéens) ont eu à affronter pour travailler ici. Parce que le racisme est une banalité en Thailande. Tellement banal que de dire d’un prof en plein meeting “no one else would hire him anyway because he’s black” c’est un commentaire socialement accepté. Ajouter à cela qu’on se base sur la couleur de peau pour déterminer les compétences linguistiques – et par conséquence le salaire gagné. Moi la petite nouvelle, après 3 mois je gagnais plus que des collègues arrivés il y a 4 ans, et ce juste parce que je viens d’un pays reconnu comme “Native Speaking” mais aussi – on va se dire les vraies affaires- parce que je suis blanche. Mettons que y’a du chemin à faire en ta’ côté sensibilisation au racisme….. Oui, le racisme existe au Canada, mais on sait que c’est mal. Ici les gens savent que dalle et disent parfois des énormités sans s’en rendre compte. C’est aussi désagréable de se faire traiter comme un meuble qu’on parque à l’entrée de l’école chaque matin et avec qui n’importe quel Thai teacher va prendre des photos pour prouver qu’il-elle connaît un “khun farang”. Y’a rien à faire, ça me mets profondément en colère chaque fois que je suis témoin de racisme ici, mais se mettre en colère ne sert à rien : les Thais – en général- sont immunisés contre la colère et vont globalement juste rire et se foutre de ta gueule si tu t’offusques pour quelque chose.

4- Le monde scolaire VS les vrais gens
Je suis vraiment reconnaissante d’avoir rencontré de si bons amis Thais à mon arrivée ici, et surtout d’avoir eu le temps de les connaître avant mon entrée dans le “monde scolaire”. Parce que sinon j’aurais été complètement désillusionnée et méfiante par rapport à la culture Thaie. Côté fermeture d’esprit, les profs et le personnel de l’école sont top. Arborant en permanence un fake smile et faisant preuve de faux respect, ils sont fort sur la différenciation “khun farang VS khun Thai” et ne nous prennent pas vraiment au sérieux. Ils se permettent littéralement de dire des choses sur nous (en Thai) même si on est présent juste à côté. Rude? “Who cares, farang do not speak Thai!!!” Cette différenciation veut aussi dire ne pas vraiment faire d’effort pour comprendre notre culture. Impossible d’émettre quelque critique que ce soit à l’école sans se faire répondre “c’est dans ton contrat” ou “si tu viens vivre ici, adapte-toi à la culture”. En revanche, j’ai découvert en dehors de l’école des amis généreux, ouverts d’esprit, curieux et rieurs, qui adorent entre autres choses me faire manger des affaires épicées (pour me voir grimacer) et m’apprendre le Northern Thai slang. Au Québec comme ailleurs, je crois qu’on peut juger les bons amis à leur volonté de développer ta capacité de sacrer en language local. Esti.

5- Être prof, c’est le fun
Au-delà des mésententes avec l’administration de l’école, des collègues Thais “bitchy and gossipy” sur les bords, j’aime ma vie de prof. Les enfants ne m’écoutent pas toujours, mais je les adore et j’ai bien appris à ne pas tenir rancune aux élèves les jours où la classe tourne en zoo. Ça a  finalement aussi ses avantages d’être dans une école broche à foin qui se fout de ce que je fais tant que je me pointe à 7h30 le matin. Chaque jour est un live crash-course de pédagogie, et “l’adaptation-addict” en moi adore! J’expérimente, j’apprends par essai et erreur ce qui marche et ce qui marche pas, dans le but ultime de voir la petite étincelle d'”Eureka” dans les yeux des élèves. Et il y a rien de plus rewarding que de voir un petit bout de 6 ans te lancer un “teacher I know her! ” ou un ” teacher my shirt is blue!!!!” après une leçon sur les pronoms ou le linge. Rien de plus fascinant que de voir la capacité de déduction et de logique se développer LIVE sous mes yeux au cours d’une année. Je suis heureuse dans l’apprentissage et l’expérimentation. L’enseignement est un peu comme la méditation, un art qu’on parfait toute sa vie, et c’est précisément ce qui est motivant : on n’a jamais fini d’apprendre. Ajouter à ça le sentiment qu’on peu avoir un impact positif – même minime – sur le futur de ces enfants. Si je me rappelle encore clairement les modèles positifs qu’ont été certains de mes profs au primaire… ça peut être la même chose pour mes élèves?

2014 tu as testé mes limites, mon cerveau, mon coeur, mon gut feeling et tu m’as fait réaliser que j’étais capable. Plus forte que je pensais. Avec plus de survival skills, un meilleur instinct de chasseuse, une capacité à faire que les choses se passent malgré les incertitudes. Avec une fascination – et une facilité-  insoupçonnée pour les langues (même “difficiles”)- je mélange maintenant mes quelques notions de Thai et de Chinois. Accro au changement et à la stabilité dans l’instabilité, j’ai trouvé cette année un nouvel équilibre que je n’aurais pas du tout imaginé il y a seulement 2 ans.

Maintenant, 2015 peut arriver et je me – vous – souhaite d’en profiter pour avoir du bon temps. Célébrer avec les gens que vous aimez – de près, de loin, anyway on est tous connectés de coeur. Que les feux d’artifices de l’occident et de l’orient volent assez haut pour se rejoindre dans le ciel. Bisous!

2 thoughts on “My Life Abroad… Un an plus tard

  1. Très cool d’avoir suivi toutes tes aventures cette années et tjs. accompagnées de photos dépaysantes !!!
    Je te souhaite un bon 2015 et de bien profiter de cette expérience hors du commun !!!
    Rodolphe.

    • Merci Rod! Bonne nouvelle année à toi et tout ton monde. en 2015, je vais pour sûr continuer de savourer la vie sous les cocotier, fais de même au pays du sirop d’érable. À bientôt!

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