Le sens de la vie. Rien de moins.

Fait que. Ça fait un peu plus d’un an que je suis partie. Mon coloc à l’époque commentait mon départ avec un certain amusement teinté de sarcasme: “se-payer-un-voyage-a-l’autre-bout-du-monde-pour-trouver-le-sens-de-la-vie”.
Il avait raison et je ne m’en cachait pas du tout. Pas que ça allait mal, mais j’avais de plus en plus l’impression d’arriver dans un dead end, de feeler pour de vrai les barreaux de la “cage”. Oui le travail, les amis, la famille. Oui les divertissements, la nature, l’air pur, l’art et les chefs d’oeuvres qui nous transportent et la vie qu’on mène les weekends, tout ça c’était ben cute, mais je restais toujours prise avec le classique bruit de fond : ” pourquoi j’existe!!!! ”
Après 1 an et quelques mois de voyage-à-l’autre-bout-du-monde-pour-trouver-le-sens-de-la-vie, me voilà-ty-pas revenue à la case départ, avec peut-être quelques hints pour apprécier d’avantage la vie en cage.
La vérité c’est que le sens de la vie, on le trouve jamais tout à fait, particulièrement quand on cherche fort. Comme un esti de mirage. Comme une aurore boréale. Comme un ovni. Comme une météore. Il est là mais jamais possible de l’attraper pour de vrai, de le photographier comme du monde. On doute un peu toujours de l’avoir aperçu, d’avoir passé quelques secondes en sa présence. “Coudonc… c’était-tu ça ou ben…” On retourne à la routine, la vie en 3d, en sentant qu’en dessous (ou au-dessus?) du quotidien bien rempli il y a quand même un crisse de grand vide. L’impression de vivre dans une boîte, avec entertainment 24-7, mais des fois quand on prend le temps de s’asseoir pis de juste être, on se rend compte qu’il y a quelque chose qui sonne creux, pis on se doute que le creux va peut-être toujours être là.
Fait que voilà. La grande voyageuse après 1 an s’est recréé un quotidien similaire à ce qu’elle avait avant. Vie locale. Habiter en coloc proche de la job. Travailler beaucoup. Passer un peu de temps avec quelques très bons amis. Flatter des chats. Faire (plus souvent qu’avant) du yoga. Écrire des fois. Fréquenter des coffee shops en se disant que le café c’est le plus divin nectar au monde. Ma vie est, à peu de choses près, pareille qu’avant. Pas de grandes révélations malgré le bout du monde. La même impression de vide après que la poussière de l’emménagement en terre étrangère soit retombée.
Conclusion : le sens de la vie, on peut le chercher partout mais il n’existe pas. Je me rends de plus en plus compte que je suis ici sur terre pour être fine (seulement avec ceux qui le méritent) pis faire mon gros possible pour donner le meilleur de moi-même, no matter what.
Oublie ta mission de vie, fille, il n’y en a pas. On est tous également pognés dans un monde où l’égo nous pousse à “trouver notre chemin” et “laisser notre marque”. Mais au final, y’a rien de ça qui va rester. Fait que aussi bien apprécier le moment présent. L’été 365 jours par année. Les amis au grand coeur, partout dans le monde. Les animaux sensibles et magnifiques. Les enfants universellement drôles et fichtrement lucides.  Le soleil pour vrai comme une boule rouge dans le ciel (oui oui, comme dans les images poussièreuses suspendues aux murs dans le resto asiatique près de chez-vous). Les croissants de lune à l’envers. Et les lucioles de la campagne (oui oui, elles sont ici aussi). Vivre sans sens, sans ambitions autre que de vivre “in the moment” à tous les jours, arrêter aussi de courir après le bonheur, juste se calmer l’intérieur et être. Voilà ma nouvelle mission de vie.